La grande terreur des routes d'antan

Qui n'a pas frissonné d'effroi en voyant apparaître, au haut d'un raidillon ou dans son rétroviseur, ce véhicule bleu, menace des pires emmerdements, des pires tracas ? Les honnêtes gens, celles et ceux pouvant se prévaloir de n'avoir rien bu de trop, d'avoir un train de pneumatiques au-dessus de tout soupçon, d'être parfaitement en règle (certificat d'immatriculation, justificatif d'assurance, vignette automobile), d'avoir des feux fonctionnels, un pot d'échappement discret, une allure modérée, n'étaient pas inquiétés. Mais gare au délinquant qui affichait un véhicule terrestre à moteur trop bruyant, trop bariolé, gare à celle ou celui qui avait la tête que, justement, il ne faut pas avoir. Le jeune chevelu, la jeune dévergondée. Pour tous ceux-là, la plupart du temps, le compte était bon. Le brave pandore débonnaire, celui que l'on croisait si souvent appuyé au comptoir du bistro et qui arborait un nez ruiné par la couperose et un œil que l'on pourrait qualifier de bovin si l'on ne craignait pas de manquer de respect à ces belles et tendres vaches qui paissent dans de vertes prairies se muait en implacable représentant de l'ordre prompt à éradiquer toute personne contrevenant à la Loi immuable du code de route. La moustache frémissante, le geste grave, le sifflet à la bouche, il enjoignait à son bras de se dresser dans un élan intimant le respect. Alors, penaud et sentant arriver les ennuis, on s'arrêtait et on tentait de paraître aussi poli que possible, de ne jamais laisser transparaître, ne serait-ce qu'un instant, ce que l'on pouvait penser réellement. On obéissait, on s'exécutait, on faisait profil bas et on repartait la tête pleine des rodomontades théâtrales et surjouées en plus d'une contravention de première ou deuxième catégorie.
Dans le fond, on rigolait bien un peu aussi. En ces temps bénis, on savait que les élections présidentielles et qu'il était de tradition que le nouvel élu (on n'imaginait même pas qu'une femme puisse l'être) , magnanime, gratifie l'ensemble des petits délits routiers d'une bienvenue grâce présidentielle. J'ai longtemps compté sur cela pour me défaire des mes dettes (elles pouvaient atteindre les sommets). Jamais ou presque je me suis abaissé à corriger un défaut qui me valait ces contraventions. Je continuais à rouler à l'allure qui me plaisait, à faire du bruit, à rouler légèrement bourré. Pour ma défense, il y avait bien sûr l'insouciance de la jeunesse et l'envie d'emmerder les flics. Je ne peux pas le cacher, j'étais un mauvais élément.
Il n'empêche que ces Estafette bleues, je ne peux pas leur trouver un quelconque attrait… hormis celui de réveiller les souvenirs d'une époque déjà lointaine.

Alouette pas toujours gentille
Un véhicule que l'on n'aimait pas voir trop souvent


Au passage, mais je ne me suis pas trop intéressé à la chose, il est à noter que l'Alouette tire une remorque chargée d'un cyclomoteur Peugeot 105 de la Gendarmerie. Je n'en ai jamais vu en service.

Ford A aux Vintage days

La Ford A succède à la Ford T en 1927. La Ford T est produite durant presque vingt ans entre 1908 et 1927, la Ford A connaîtra un beau succès commercial mais ne fut produite qu'entre 1927 et 1931. Avec ses plus de quatre millions d'exemplaires écoulés, elle n'égalera pas le record de la Ford T et ses seize millions.

Ford type A
Celle qui succéda à la Ford T

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